Clément Cadilhon-co-président de l'Alpad
« Comprendre notre métier et créer des liens »
Depuis quand es-tu adhérent de l’Alpad ?
Dès mon installation en 2015. Je faisais de l’élevage avec beaucoup de surface herbagées mais je n’arrivais pas à bien faire pâturer mes vaches et je perdais du volume. Avec Antoine Parisot de l’Alpad, on est partis sur le pâturage tournant dynamique. C’est comme ça que j’ai commencé à faire des réunions, rencontrer des gens et voir différents systèmes. Ensuite on a parlé de la farine, de l’huile, j’ai adhéré à Oléandes en 2018 et ça s’est enchaîné.
Qu’est-ce que cela t’a apporté ?
L’Alpad c’est beaucoup de rencontres et de discussions entre agriculteurs, d’échanges d’expériences et de savoir-faire. Personne n’a la bonne solution dans son coin mais entre nous, en parlant, on trouve des schémas pour les vêlages, les inséminations, les races... Quand j’ai commencé, je vendais mon veau en Label Rouge et on me disait de ne faire que de la Blonde pour avoir une viande claire. Aujourd’hui je fais tout en vente directe et j’ai douze races différentes pour 50 têtes, des Salers, des Gasconnes, des Abondance, Montbéliardes, Vosgiennes, Ferrandaises... J’essaie de trouver des races plus rustiques, adaptées à mon terroir et qui n’ont pas besoin de farine l’hiver.
Et au niveau des cultures ?
Je n’ai que 30 hectares irrigués sur les 90, donc dans le contexte actuel, cela ne sert à rien de faire du maïs non-irrigué. Avec l’Alpad j’ai appris à faire des rotations, des bons couverts, du colza, du blé, du tournesol, du chanvre, des choses qu’on ne faisait pas avant. Il y a aussi des ratés, comme le pois chiche cette année, mais on va réessayer !
Pourquoi avoir choisi de t’engager comme coprésident depuis cette année ?
L’Alpad est une belle structure avec des salariés compétents et des adhérents qui connaissent leur métier. Moi je suis très intéressé par les semences fermières par exemple et je veux que mon exploitation passe en bio et soit autonome avec mes semences blé et maïs population. L’Alpad est essentielle dans cette démarche. Eric Labaste assume ce rôle depuis longtemps et il était temps de le soutenir et de préparer la relève.
Quels axes de travail te semblent prioritaires ?
Ce que fait Marion sur la transmission est essentiel pour nous. Des jeunes veulent s’installer mais ne peuvent pas à cause du foncier et parce qu’ils ne sont pas issus du milieu agricole. C’est aussi en travaillant sur les filières locales de blé, huile, chanvre, la volaille et le petit élevage, les débouchés dans les cantines ou la vente directe, qu’on pourra installer des jeunes sur des exploitations viables à taille humaine. Il y aurait des gens à installer sur ces modèles et sur ces marchés mais il y a un problème d’accompagnement à la Chambre pour ce type d’agriculture.
Et du point de vue technique ?
On doit travailler sur le semi direct. On va visiter une ferme bretonne qui a de très bons résultats pour apprendre d’eux. On va faire des essais, des semences, des couverts, se tromper, recommencer. Quand on travaille en groupe, on se trompe ou on réussit pour tout le monde et on avance tous plus vite. On a besoin de plus d’adhérents et de plus de financements pour faire plus de formations. Il faut fédérer tous les gens qui pensent l’agriculture de cette manière, en culture ou en élevage. On sait que les agriculteurs sont très occupés mais ce n’est pas du temps perdu ! C’est tellement enrichissant de comprendre notre métier et de créer des liens. Je suis très heureux d’avoir connu toutes ces personnes depuis que je suis à l’Alpad.