Durement touchés par des problèmes d’érosion, de nombreux paysans de l’ALPAD s’orientent vers l'agriculture de conservation. Celle-ci est un ensemble de techniques culturales destinées à maintenir et améliorer le potentiel agronomique des sols, tout en conservant une production régulière et performante. Cet ensemble de techniques permet une meilleure rentabilité économique à long terme en réduisant le besoin en intrants (engrais, produit phytosanitaire, carburant) sans les interdire. 

Elle repose sur dix principes :

  • Rotation longue

    Le levier le plus efficace pour la gestion des adventices, des éléments minéraux et des fertilisants reste l’alternance de cultures d’hiver et de printemps. Dans les Landes, réintégrer des cultures d’hiver comme le colza ou le blé permet d’avoir un réel impact sur les adventices d’été de plus en plus préoccupantes comme le datura, la lampourde ou la morelle.

  • Cultures diversifées

    Pour pouvoir agir sur les décalages des dates de semis et, in fine, la flore adventice, il est important de disposer d’un large panel de cultures. En effet, il faut éviter que les mauvaises herbes soient dans leur zone de confort. Il convient de les perturber sans cesse. Pour cela, on peut jouer sur les dates de semis. Par exemple, semer un sarrasin fin juin/début juillet peut permettre de réaliser de très nombreux faux semis des adventices d’été avant son implantation.DSC 0119

  • Apport de matière organique stable

    Fumier et compost seront bons à prendre pour augmenter rapidement le taux de matière organique des sols. Il s'agit d'installer un volant d’autofertilité fondé sur la matière organique, support par excellence de l’eau et des éléments fertilisants.

  • Couverts végétaux 

    Le but est bien de protéger les sols et de produire de la biomasse végétale (au minimum 5 tonnes de matière sèche) durant les inter-cultures. Un couvert d’avoine semé à la volée et détruit lorsqu’il atteint péniblement 20 cm est à oublier. Maintenant, place aux mélanges et les plus diversifiés possible ! Dans les Landes, un mélange de couvert hivernal efficace pourrait être : 3 kg de radis, 100 kg de féverole, 50 kg de seigle ou d’avoine, 10 kg de vesce ou trèfle, 3 kg de phacélie. Les couverts offrent ainsi le gîte et le couvert aux auxiliaires des cultures tels que les vers de terre, les carabes, les abeilles, les syrphes...Couverts végétaux EL19

  • Auto-construire

    S’engager dans l’agriculture de conservation implique forcément d’être un peu bricoleur. En effet, à l’inverse de ce que peuvent faire croire certains fabricants, pas besoin de payer 20 000€ un rouleau faca ou d’investir dans un semoir dernier cri. Il est possible de transformer le matériel présent sur sa ferme pour se lancer. De nombreux exemples sont disponibles sur internet et dans la campagne landaise.

  • Auto-produire

    Pour diminuer le coût du poste « semences », il faut travailler sur l’autoproduction de ses semences de couverts végétaux et de cultures. Sélectionner ses semences paysannes adaptées à sa ferme est également envisageable. La base de la démarche reste la maîtrise des charges.DSC 0227

  • Intégrer des prairies

    Après avoir été longtemps délaissées dans les rotations pour leur faible rentabilité, les prairies sont de plus en plus ré-implantées par des céréaliers bio. En effet, la prairie permet de développer la fertilité des sols en augmentant la quantité de matière organique et la quantité d’azote pour les cultures suivantes. Elle permet également de gérer les adventices, notamment les vivaces, tout en lissant les pics de travail. Sa gestion doit cependant être soignée.

  • Et des animaux

    Difficile de valoriser le point précédent sans un élevage de ruminants. L’élevage est une des clés de voûte de ce système puisqu’il est peut être à la fois la moissonneuse et l’épandeur à fumier des couverts végétaux ou des cultures. De plus, à l’inverse de la fertilisation chimique, la fertilisation organique booste la vie du sol.

  • Mélanger

    La biodiversité est essentielle en agriculture de conservation. Lorsque c’est possible, il faut mélanger les cultures, les variétés et mêmes les animaux pour que se créent des interactions positives. Les mélanges ont énormément d’avantages : homogénéité du rendement, diminution des maladies et ravageurs, meilleure occupation de l’espace…colza associé

  • Être oportuniste !

    En prenant du recul, il faut réapprendre à transformer une contrainte en un atout, un échec en une réussite. Par exemple, un semis de colza raté, peut devenir un couvert, voire un faux semis.

En 2018, un Groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE) à été créé. Il permet une reconnaissance officielle par l’Etat de l’engagement collectif d’agriculteurs dans la modification ou la consolidation de leurs pratiques en visant une performance économique, environnementale et sociale.

QUID DE L’AGRICULTURE BIO ?
Agriculture biologique et agriculture de conservation sont souvent opposées, la première ayant souvent besoin de plus de travail mécanique et la seconde d’herbicides. Pourtant ces 2 modes de production ne sont pas incompatibles, bien au contraire ! Plusieurs paysans s’y essayent et même si toutes les techniques ne sont pas encore au point (notamment le semis direct sous couvert), il est possible de se passer du travail du sol ou des produits phytosanitaires tout en étant rentable.